Kinshasa au rythme d’une ville demi-morte

Par JEANRIC UMANDE MWENGE

La capitale du Congo-Kinshasa n’a pas connu mardi son ambiance habituelle avec ses embouteillages gigantesques. Kinshasa a cependant revêtu ses atours de ville demi-morte après un lundi de tension marqué par de heurts entre les forces de l’ordre et les adeptes de Ne Mwanda Nsemi, chef du Mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo, ayant fait 12 morts, selon la police.

Le Rassemblement ( principale coalition de l’opposition radicale ) avait appelé depuis trois semaines la population à observer deux journées villes mortes ( mardi 08 et mercredi 09 août 2017 ) pour dire non au troisième mandat du président Joseph Kabila, dont l’opposition radicale et quelques organisations de la société civile contestent la volonté de se maintenir au pouvoir en attendant l’élection d’un successeur.

Vers 08h00, 09h00, 10h00, la bouillante mégapole de dix millions d’habitants, quadrillée par les forces de la police et de la garde républicaine, n’était que l’ombre d’elle-même, ont constaté les reporters de Radio Afrique France.

Le centre ville qui grouille de monde est vide. De grandes avenues aussi, avec une circulation presque inexistante.

Des crépitements de balles ont été entendus très fortement dans quelques quartiers chauds de la commune de Lemba vers 09h-10h00. Les éléments de la police ont dispersé quelques ultras de l’opposition qui tentaient d’ériger des barricades sur la route. A la station Bumba à la biffurcation ( Boulevard salongo et By pass ), les jeunes qui scandaient des chansons hostiles au régime ont été dispersés.

A Lemba Foire, devant l’Hôtel Indépendance, des pneus ont été brûlés mais, la police a vite dégagé la voie. Les forces de l’ordre ont interpellé quelques manifestants. « D’autres ont pu s’échapper », raconte un témoin.

Quelques minutes après ces heurts, tout est redevenu normal. La circulation bien que timide a repris mais beaucoup de boutiques et magasins sont encore fermés.

A Kasavubu et Limete, où on retrouve les sièges des principaux partis de l’opposition, la situation est calme. Quelques policiers rôdent tout autour pour prévenir tout débordement. Là aussi, la circulation est timide. Quelques boutiques ont pu ouvrir comme aussi dans la commune mouvementée de Bandalungwa, où le marché de Mouelaert a fonctionné mais pas à 100 %.

Au palais du peuple, devant le camp militaire Kokolo, il a été placé un dispositif sécuritaire important comme aussi aux alentours de la télévision publique- RTNC, où les militaires de la Garde Républicaine sont visibles.

Par ailleurs, le ralentissement de la connexion Internet est réel. Difficile de télécharger les photos et images. L’ Autorité de Régulation des Postes et Télécommunication du Congo, ARPTC, a exigé, lundi 7 août, aux opérateurs de téléphonie mobile et aux fournisseurs d’accès internet, « de limiter au strict minimum la transmission des images pour faire face à l’usage abusif des réseaux sociaux ». Dans sa correspondance, M. Oscar Manikunda, patron de l’ARPTC, s’est indigné de constater l’usage abusif des réseaux sociaux ( Facebook, Twitter, Whatsapp et Google).

Très alertes, les congolais et Kinois en particulier, ont téléchargé l’application VPN pour contourner cette mesure de restriction qu’ils jugent liberticide.

Les leaders du Rassemblement persistent et signent. « M. Kabila doit partir », explique l’opposant Martin Fayulu. Et le radical Vuemba d’ajouter : « le temps a sonné. Il faut conjuguer le président Kabila au passé« .
Déjà, Félix Tshisekedi, le chef du Rassemblement avait prévenu que sa plateforme n’était plus en mesure de discuter avec M. Kabila qui a démontré totalement sa volonté de violer l’Accord de la saint sylvestre obtenue de haute lutte, par les évêques catholiques.

Âgé de 45 ans, le président Kabila est au pouvoir depuis 2001, et la Constitution lui interdit de se représenter. Au terme de ses deux mandats constitutionnels, ses détracteurs l’accusent de tout faire pour torpiller le processus électoral et de vouloir se maintenir au pouvoir à vie.

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