Mauritanie : 2017 l’année de tous les dangers

Par BAKALA KANE

Les mauritaniens auront passé une année 2017 très difficile au plan économique avec une dette abyssale publique entraînant une hausse des prix du panier ménager. La mévente du minerai de fer et de l’or, le pillage des richesses halieutiques ont poussé les autorités de Nouakchott à faire appel au FMI et à la Banque mondiale pour boucler son budget. C’est également une année noire pour la démocratie. Irrespect des institutions, de la citoyenneté et des libertés.

Le président mauritanien aura consacré son deuxième quinquennat à anesthésier l’opposition démocratique en prétendant avoir des recettes pour le dialogue politique et pour lutter contre la crise économique. En réalité le régime de Ould Aziz a gagné du temps pour imposer son référendum sur la réforme constitutionnelle. Un choix clair en 2017 rejeté par la majorité des mauritaniens dans leur diversité et qui a plongé le pays dans une impasse politique et une répression inédite des sénateurs frondeurs des leaders de l’opposition, des syndicalistes, des hommes d’affaires et même des journalistes.

Tous les droits de l’homme ont été bafoués au point que la communauté internationale a invité les autorités de Nouakchott à respecter ses engagements internationaux contribuant ainsi à libérer les détenus injustement condamnés par les tribunaux de Nouakchott suite à des manifestations pacifiques.

Et ces atteintes aux libertés publiques n’ont pas épargné les militants anti-esclavagistes de l’IRA et ceux du principal mouvement citoyen TPMN. Année noire pour la presse avec la cessation d’émettre des 5 télévisions privées qui n’ont pas pu payer leurs redevances annuelles à l’Etat et les 15 quotidiens indépendants privés de parution depuis plus d’une semaine faute de papiers de l’imprimerie nationale. Du jamais vu depuis des années dans un pays où le président a tous les pouvoirs et empiète sur tous les pouvoirs.

2017 aura été l’année de tous les dangers. Cette impasse politique a des conséquences sur la gouvernance économique. Le pays connaît un état de dégradation avancée. Dette publique abyssale plus de 70 pour cent du PIB. Chute du prix du fer entraînant la SNIM le fleuron de l’industrie mauritanienne vers un niveau bas de sa production annuelle.

Un véritable manque à gagner pour le trésor public par conséquent un retard dans les actions du gouvernement en particulier contre la fracture sociale qui ne cesse de croître. Avec la chute également des autres matières premières le pays risque de perdre une bonne partie de ses recettes d’exportation. L’annonce en 2017 d’une nouvelle monnaie en 2018 n’est pas pour rassurer les entreprises privées et publiques, les commerçants et le contribuable. Ould Aziz n’a plus la légitimité de continuer à gouverner le pays même si les députés de l’UPR veulent un troisième mandat en 2019.

 

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