Mauritanie : D’anciens officiers de l’armée en mouvement En marche

Par BAKALA KANE

Le journaliste Bakala Kane

Au fil des semaines qui rapprochent les mauritaniens du référendum du 5 août prochain, les observateurs sont surpris d’apprendre que des officiers retraités de l’armée et des personnalités politiques de la société civile pourraient créer un nouveau parti pour assurer l’alternance en Mauritanie. Le lieutenant colonel Ould Amar et le colonel Mocktar Zammel, initiateurs de ce projet, ambitionnent de constituer un forum qui rassemblerait toutes les composantes du pays sans distinction de sexe. Une annonce qui intervient dans un climat politique tendu dominé par la campagne de la majorité et le boycott de l’opposition regroupée autour d’un front uni. En attendant la réaction de la classe politique, cette initiative est considérée par les observateurs comme un voile pour cacher le référendum dont l’objectif est de couper l’herbe sous les pieds de l’opposition.

Alors que les regards sont tournés vers la mobilisation de l’opposition contre le référendum et la campagne de la majorité menée tambour battant par le premier ministre Ould Hademine, à l’intérieur des régions, les observateurs prennent sur la figure la naissance probable d’un nouveau parti politique initié par deux anciens officiers retraités de l’armée, avec quelques personnalités politiques de la société civile dans la mouvance d’En Marche de l’Hexagone. Le lieutenant colonel Ould Amar et le colonel Mocktar Zammel voudraient révolutionner le paysage politique du pays avec un forum qui rassemblerait toutes les sensibilités mauritaniennes sans distinction de sexe. Les deux hommes expérimentés proposent un retour de l’armée aux casernes, c’est-à-dire une armée républicaine et par ailleurs une moralisation de la vie politique. Deux gros chantiers du parti quasiment difficiles dans un pays marqué par des coups d’Etat constants depuis 1978 et gangrené par la corruption et une justice à deux vitesses.

Paradoxalement, ces idées ne donnent pas l’impression d’une improvisation. Très remontés de la crise économique et politique du pays depuis 2009 et déçus par la capacité du régime de Ould Aziz à transformer la société mauritanienne, les deux officiers retraités se positionnent comme leaders d’un parti alternatif. Il s’agira donc d’un nouveau projet social que ni la majorité ni l’opposition n’ont la capacité d’offrir aux mauritaniens. Simple vœu pieux dans le pays des Mourabitounes où les fractures sociales sont grandes et où les exclus de la république sont des noirs. Le glissement identitaire Beydane depuis les indépendances, le racisme d’Etat, le déni de justice, autant de ruptures que devra opérer le nouveau parti pour réussir une réconciliation nationale et le mouvement En marche. En tout cas malgré ce regard neuf d’anciens officiers de l’armée et dans ce contexte de référendum, cette gestation politique est considérée par les observateurs comme l’arbre qui cache la forêt. L’avènement de ce parti est un voile pour couper court la mobilisation actuelle de l’opposition, sous la houlette d’un front uni.

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