Mauritanie : la libéralisation de l’audiovisuel remise en cause par le gouvernement

Par BAKALA KANE

Depuis une semaine les mauritaniens se sont retrouvés brusquement avec une seule télévision, la télé nationale. Les cinq autres privées Sahel TV, Mourabitounes TV, Chinguetti TV,Watanya et Dava TV sont fermées manu militari faute d’avoir payé leurs lourds arriérés de redevances annuelles.

Une situation qui reconduit le pays à la case départ, un petit écran monocolore. Pour les observateurs ce recul de la liberté de la presse remet en cause la libéralisation de ce secteur qui date de 2011. Retour à la case départ avec une télévision monocolore, la télévision nationale et peut-être dans les mois à venir Radio-Mauritanie en mode monopole. Seule la presse est épargnée de cette restriction mais avec des difficultés conjoncturelles, notamment pour la presse électronique indépendante éclaboussée par l’affaire Bouamatou, que le président mauritanien a utilisée à des fins politiques. Cette nouvelle situation de monopole d’Etat du secteur audiovisuel s’explique par la fermeture des cinq télévisions privées que compte le pays depuis 2011, confrontées depuis quelques années au difficile acquittement des arriérés de redevances annuelles.

Cette année, la TDM l’organe gestionnaire étatique est catégorique. Aucune tolérance aux mauvais payeurs puisque Mourabitounes TV, Chinguetti TV, Watannya, Sahel TV et Dava ont cessé d’émettre cette semaine à Nouakchott. Des voix au niveau des professionnels de l’information et de la communication s’étaient élevées auparavant pour demander des délais et pour relancer la création d’un fonds spécial pour régler les redevances, mais le gouvernement fait la sourde oreille. Un curieux silence qui coïncide avec l’épisode d’arrestations des patrons de la presse indépendante, accusés de corruption avec l’argent du richissime mauritanien Bouamatou, exilé au Maroc.

Les observateurs n’hésitent pas à lier cette fermeture aux règlements de compte du président mauritanien contre tous ses opposants à sa réforme constitutionnelle, à commencer par le chef des frondeurs sénateurs, Ould Ghadda, qui attend son procès. C’est la libéralisation de l’audiovisuel qui prend un coup et au delà c’est la liberté de la presse qui est menacée par un pouvoir actuel qui a tendance à régler ses différends par la méthode forte. Le processus de réforme de ce secteur est un leurre.

 

 

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