RDC: les Etats-Unis opposés à un système de vote électronique

Les Etats-Unis sont opposés au recours à un système électronique de vote pour la triple élection prévue le 23 décembre en République démocratique du Congo, présidentielle, législatives et provinciales, a déclaré lundi l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley.

« Nous sommes très préoccupés de voir l’insistance (de la Commission électorale indépendante CENI) à vouloir utiliser un système électronique de vote », a affirmé la diplomate lors d’une réunion informelle à l’ONU sur le processus électoral en RDC.

Un tel recours représente « un risque colossal » et les Etats-Unis souhaitent le recours à « des bulletins papier pour qu’il n’y ait pas de doutes sur le résultat ». « Les Etats-Unis ne soutiennent pas » ce recours à un système électronique, a insisté Nikki Haley.

Nikki Haley et Joseph Kabila à Kinshasa

Lors de la réunion, le président de la Commission électorale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, venu à New York pour cette réunion, a rappelé que plus de 46 millions d’électeurs avaient été recensés pour la triple élection, déjà reportée plusieurs fois.

« Avec plus de 45 millions d’électeurs, les trois scrutins combinés le même jour imposent l’implantation de 23.000 centres de vote éclatés en environ 90.000 bureaux de vote et de dépouillement », a-t-il précisé. « L’option prise de recourir à la machine à voter permet de réduire le poids de l’ensemble des matériels à déployer de 16.000 tonnes à moins de 8.000 tonnes », a poursuivi M. Nangaa. Et grâce au recours à la machine à voter, les coûts des scrutins ont pu être réduits de 554 millions de dollars à environ 432 millions, a-t-il encore fait valoir. 

Lors du débat, la Côte d’Ivoire a mis en garde « contre le risque d’élections mal préparées », tandis que les Pays-Bas indiquaient respecter la décision de la CENI de recourir à un système électronique tout en lui demandant « de tester rigoureusement » le matériel avant les scrutins.  

De son côté, le ministre congolais des Affaires étrangères Léonard She Okitundu s’exprimant devant le conseil de sécurité sur le processus électoral en RDC a demandé lundi 12 février à la communauté internationale de dénoncer de la part de tous les acteurs, congolais ou étrangers toute initiative susceptible de faire déraper le processus électoral. Il a demandé aussi de « jeter un regard positif et constructif » sur le processus électoral et d’accompagner ce processus complexe. «Aujourd’hui où le processus électoral est suffisamment avancé avec une feuille de route claire et un calendrier électoral qui fixe déjà la date des élections, la meilleure attitude attendue de tous est une préparation avec sérénité en évitant tout comportement ou initiative de nature à nuire à leur bonne organisation», a indiqué Léonard She Okitundu.
 
Il a fait remarquer que le pays compte primordialement sur ses propres forces avant de compter sur celles des autres.
«En effet, comment ne pas rappeler que le Projet d’appui au cycle électoral (PACEC) reprenant les interventions financières internationales pour les élections évaluées à 123 millions de dollars américains stagne à 6 % de contributions depuis deux ans et que ce budget modique sert plus à financer les activités des ONG et mouvements citoyens plutôt que l’organisation matérielle du scrutin. Toutefois, si contributions il y aura, la RDC demeure ouverte à en discuter avec les partenaires internationaux donateurs pour autant qu’ils soient respectueux des grands principes des relations internationales dont l’égalité souveraine et la non-ingérence dans les affaires internes des Etats. Aucune conditionnalité ne sera acceptée», a prévenu She Okitundu.

 

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