RDC : Kinshasa, Goma, Bukavu, Beni : arrestations de quelques activistes de la Lucha, marches étouffées par les forces de l’ordre

Par STELLA ABAYA KOMBE

« Des activistes de plusieurs mouvements pro-démocratie ont été interpellés lundi puis relâchés dans plusieurs villes du pays. D’autres croupissent encore dans les geôles de quelques villes« , alerte un activiste des droits de l’homme. A Kinshasa, quelques téméraires ont pu atteindre le lieu du rassemblement sur le Boulevard Triomphal avant d’être dispersés par la police. Les forces de l’ordre ont été fortement déployées dans le périmètre du palais du peuple, le siège du parlement autour duquel se trouvent aussi le stade des Martyrs, la place du Cinquantenaire et le quartier général de la police nationale congolaise. Jusqu’au soir de lundi, les éléments de la police quadrillaient toujours le secteur.

L’emblématique militant pro-démocratie, Fred Bahuma a dénoncé la vague d’arrestations opérée partout au pays, en insistant qu’il est toujours possible d’organiser les élections en 2017 sinon, a-t-il prévenu, le peuple s’assumera cette année.

A Goma, les jeunes du Mouvement citoyen Lutte pour le Changement (Lucha) ont barricadé quelques routes avant que la police ne vienne les disperser. Plus de 80 jeunes ont été arrêtés, mais d’autres sont parvenus à atteindre la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et ont pu déposer le mémo dans lequel ils exigent la publication rapide du calendrier électoral et la tenue des élections fin décembre 2017. « Les manifestants ont été amenés par la police au cachot de la mairie de Goma« , a indiqué un témoin. D’autres sources rapportent que les autres ont été amenés par la police des polices aux cachots près de la prison de Munzenze. Devant le bureau local de la CENI, les forces de l’ordre ont recouru aux bombes lacrymogènes pour venir à bout de manifestants surchauffés.

Depuis les premières heures du matin, les activités tournaient au ralenti à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. Boutiques et magasins sont restés fermés comme aussi les banques et les coopératives, ainsi que les grandes entreprises de télécommunications. Au Rond-point Mutinga vers Virunga, un coin réputé chaud de la ville, les jeunes armés de pierre ont pris d’assaut la route Kibalabala, connu sous le nom de 1 kilomètre. Ils ont affronté la police en scandant des chansons hostiles au pouvoir. « Nous exigeons la publication du calendrier électoral et nous n’allons pas nous laisser piétiner malgré l’arrestation de quelques activistes de droits de l’homme« , a rappelé Ishara Butaragaza de la Nouvelle Société Civile.

A Butembo, toujours au Nord-Kivu, 10 membres de la Lucha ont été arrêtés. « 9 garçons et une fille », selon une source policière à la commune de Kimemi. Le même mouvement à été perceptible à Béni.

A Bukavu au Sud Kivu, la tension est montée d’un cran aux premières heures du matin. Les manifestants ont également été dispersés et n’ont pas pu se réunir au point de départ de la marche. D’autres ont été interpellés. La société civile locale dénonce la violence policière.

Les autorités se sont contentées de rappeler que les marches n’étaient pas autorisées. Pour sa part, la police a indiqué avoir interpellé 50 personnes sur l’ensemble du pays.

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