Sahara Occidental : Nouakchott pourrait céder une partie du Nord à Alger

Par BAKALA KANE

Le journaliste Bakala Kane

La Mauritanie se préparerait à céder sa partie Nord frontalière avec l’Algérie pour lui permettre l’accès à l’Océan atlantique, un vieux rêve des dirigeants algériens. Cette révélation a été faite par un député mauritanien devant l’assemblée nationale. En déclarant récemment ce territoire « zone de guerre » pour lutter contre les narco trafiquants, les autorités de Nouakchott ne sont pas loin d’éveiller des soupçons. Cette tractation non encore officielle apparaît aux yeux des observateurs comme une nouvelle tournure dans le conflit du Sahara Occidental au moment où les deux pays essuient des revers diplomatiques avec la réintégration du Maroc à l’UE et à la CEDEAO.

Gelé sur le terrain depuis la « Marche verte » du Maroc, le conflit du Sahara Occidental, opposant le Maroc et la RASD protégée par l’Algérie et soutenue par la Mauritanie, est loin d’être terminé. En attendant le règlement par les Nations Unies, la frontière du Maroc avec la Mauritanie est depuis des années le théâtre d’opérations de lutte contre la contrebande, source de financement du terrorisme islamiste dans cette bande sahélo – saharienne. Ce regain de trafic est source de tensions entre Rabat et Nouakchott, et par ricochet Alger. Depuis quelques mois, la Mauritanie s’est aussi lancée dans cette collision du terrorisme et du crime organisé, en menant des opérations de ratissage. C’est dans ce cadre que les autorités de Nouakchott ont déclaré la semaine dernière la frontière mauritano – algérienne comme une zone militaire strictement interdite aux civils.

Cette brusque décision qui intervient après le sommet du G5 Sahel à Bamako contre le terrorisme est qualifiée par les observateurs de provocation du Maroc et de rapprochement concret avec l’Algérie. La presse africaine pointe déjà une nouvelle stratégie de la Mauritanie pour céder une partie du Nord à l’Algérie. Politiquement, c’est peut-être une bonne carte à jouer par l’Algérie et la Mauritanie. Juridiquement, Nouakchott ne peut céder une quelconque partie du territoire sans passer par le parlement ou un référendum. Pour l’instant, ni l’un ni l’autre n’est envisageable dans ce contexte de guerre contre le terrorisme dans la sous-région. La Mauritanie qui fait partie du G5 Sahel entend jouer sa partition et se montrer plus coopératif et déterminée contre les barbus. L’engagement sur plusieurs fronts est une utopie et conduirait les autorités politiques à déployer des moyens humains et matériels que le pays n’a pas. De surcroît dans un contexte de crise institutionnelle avec le référendum du 5 août prochain, cette situation serait suicidaire. Sur le plan diplomatique, elle aboutirait à une vraie alliance officielle entre Alger et Nouakchott et pourrait redorer le blason à Mohammed VI dans la résolution des Nations Unies sur l’autodétermination du peuple saharaoui. Des observateurs pensent que cette zone de guerre pourrait servir de second abri des milliers de réfugiés saharaoui de Tindouf, voire de terrain d’entrainement. Ce qui entraînerait ipso facto un embrasement de la région.

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