Éthiopie : Nouvelle puissance économique dans la Corne de l’Afrique

Avec un PIB qui croît de plus de 10% en moyenne par an, l’Éthiopie affiche ses ambitions. Avec 100 millions d’habitants, ce pays ne veut plus seulement être un géant démographique, mais aussi compter économiquement en accédant au cercle des pays “à revenu intermédiaire”. Une définition de l’OCDE qui englobe des pays dont le PIB par habitant se situe entre 1 026 et 4 035 dollars par an, renseigne le magazine Voyages d’affaires.

Les slogans s’égrènent régulièrement le long des voies express d’Addis Abeba, tentaculaire capitale de quatre millions d’habitants. “Nous poursuivons avec vigueur notre rôle global et régional pour achever nos objectifs de développement durable”, clame un panneau. “Nous entrons dans une nouvelle ère de partenariats globaux”, en affirme un autre. On pourra s’interroger sur la signification profonde de ces messages. Mais ils prouvent une chose: l’Éthiopie de 2017 affiche ses ambitions.

Géant démographique avec près de 100 millions d’habitants, deuxième pays d’Afrique le plus peuplé derrière le Nigéria, poids lourd politique et diplomatique avec le siège de l’Union Africaine à Addis Abeba, la République Fédérale Démocratique d’Éthiopie se rêve aussi en géant économique.

Ses atouts sont réels. Avec un PIB en hausse constante de 9 % par an depuis une décennie, les experts parlent aujourd’hui de “miracle économique éthiopien”, voire, par analogie aux économies émergentes asiatiques, de “Tigre de l’Afrique” ! Même si, bien sûr, le pays a pour symbole le fameux lion d’Abyssinie…

Selon le Fonds monétaire internationalle PIB par habitant a plus que doublé en moins de dix ans, passant de 361 dollars US en 2010 à 795 dollars l’an dernier. En Parité Pouvoir d’Achat, ce PIB flirte actuellement avec les 2 000 dollars. Tandis que la classe moyenne représente désormais 22 % de la population totale, soit 20 millions d’individus, le taux de pauvreté est passé dans le même temps de 45 % à 22 %. Des chiffres qu’il faut nuancer, car ils sont à l’échelle du pays, où les zones rurales et très peuplées vivent dans une extrême pauvreté, tandis que la nouvelle “classe moyenne” peine bien souvent à payer le crédit de leur “condominium” d’état, de modestes appartements en banlieue lointaine d’Addis.

Néanmoins, le boom économique est réel et a été influencé par deux plans quinquennaux de croissance et de transformation qui ont permis à l’industrie, aux infrastructures et aux services de croître. Les objectifs d’infrastructure ont par exemple été réalisés à plus de 60 %, tandis que les investisseurs internationaux louent l’absence relative de corruption, phénomène plutôt rare en Afrique. Avec un aéroport en cours d’expansion et une compagnie aérienne de niveau international, un réseau routier en développement avec plus d’un milliard de dollars investis et, surtout, un nouveau train de marchandises et voyageurs entre Addis Abeba et Djibouti, le pays ambitionne d’être le hub marchand de toute l’Afrique Orientale et Centrale.

Un tel climat est favorable aux affaires, malgré l’attaque d’usines étrangères en 2016. Ainsi, en dépit de l’état d’urgence, les perspectives sont toujours favorables pour 2017 et 2018, le FMI prévoyant une croissance de 7,5 %, certes inférieure aux 9 % enregistrés ces dernières années.

Si les investissements étrangers directs (FDI) ont, eux aussi, été légèrement revus à la baisse – le pays s’attend à 3,2 milliards de dollars US en 2017 –, les entreprises internationales se pressent aux portes de l’Éthiopie, notamment dans le nouveau Hawassa Industrial Park, un complexe dédié à l’industrie textile à 275 km au sud de la capitale. On recense par ailleurs dans le pays des filiales de General Electrics, de Dow Chemicals, d’Unilever, mais aussi des sociétés japonaises, indonésiennes et, bien sûr, chinoises.

Principal importateur, la Chine est aussi un important investisseur en Ethiopie, séduite par une main-d’œuvre bien formée et peu chère, un ouvrier éthiopien coûtant deux fois moins qu’un ouvrier chinois. Elle construit tout, le réseau routier, le tramway, l’immobilier et les infrastructures publiques. Pour sa part, la France n’est pas en reste, puisqu’elle est présente à travers 32 filiales, les deux entreprises les plus importantes étant Total et BGI-Castel, principal brasseur du pays.

 

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