MainOne en faveur d’un trafic Internet local en Afrique

À l’initiative de l’Internet Society, le 8è Forum africain sur le peering et l’interconnexion qui vient de s’achever à Abidjan (Côte d’Ivoire), après trois jours de travaux s’est principalement consacrée au développement d’opportunités en matière d’interconnexion Internet et d’échange du trafic.

Premier fournisseur de connectivité et de solutions de centre de données en Afrique de l’Ouest, MainOne a rappelé l’importance de domicilier localement le trafic Internet comme étant une condition essentielle pour la croissance de l’écosystème Internet en Afrique. Lors de son allocution au forum africain sur le peering et l’interconnexion (AfPIF) qui vient de s’achever, la PDG de MainOne, Funke Opeke, a mis au défi les acteurs leaders de l’Internet en Afrique d’effectuer leur échange de trafic sur le continent, en faisant remarquer que cela entraînerait une réduction significative des coûts et une amélioration du rendement.

Lors de son discours intitulé « Vision 80/20 d’ici 2020 » qui a abordé l’objectif établi par l’AfPIF d’acheminer 80 % du trafic Internet en Afrique depuis le Continent d’ici l’année 2020, Funke Opeke a examiné le paysage Internet en Afrique et a fait part de son regret de constater que l’écosystème actuel consistant à acheminer plus de 80 % du trafic Internet du Nigéria vers l’étranger implique des coûts de transport élevés et une augmentation du temps de latence du service. Selon elle, les transactions lancées depuis l’Afrique entraînent généralement l’expéditeur dans un long périple en dehors du continent, principalement en Europe, en Amérique ou même en Asie, avant d’atteindre le destinataire qui peut être, par exemple, une banque au coin de la rue de l’expéditeur. Ensuite, la réponse répète le même trajet tortueux en sens inverse vers l’expéditeur. Elle s’est demandé pourquoi un utilisateur final sollicitant un accès à ses dossiers dans une banque au coin de la rue souhaiterait voir sa transaction voyager de Lagos à Londres, alors qu’il est possible d’interconnecter ce trafic. De plus, elle a également fait remarquer que ce processus consistant à acheminer le trafic en dehors du continent augmente les coûts de l’Internet et retarde la livraison des contenus dans la région d’environ 150 millisecondes.

Madame Opeke a signalé que « l’Afrique doit retenir davantage de trafic local sur le continent afin de retirer davantage de valeur à l’Internet. Cela est possible en se basant sur des Points d’échange Internet solides et sur un accès à travers des points d’interconnexion locaux et des centres de données locaux qui offrent une plate-forme à différents réseaux pour une interconnexion directe avec d’autres opérateurs et pour l’échange de trafic, garantissant ainsi des coûts de bande passante plus faibles, un accès plus rapide à davantage de fournisseurs de contenus et d’opérateurs et une baisse du temps de latence pour les marchés locaux. »

Elle a expliqué que jusqu’à quelques années en arrière, la capacité d’Internet en Afrique était faible, avec peu de réseaux à haut débit et peu de centres de données pouvant offrir aux utilisateurs la connectivité et les contenus qu’ils souhaitaient. Selon elle, les temps sont en train de changer, du fait que la densité de déploiement de la fibre en Afrique et l’augmentation de centres de données d’envergure internationale permettent plus facilement aux fournisseurs de contenus et aux opérateurs OTT d’offrir leurs services d’hébergement et de servir les données localement. Mme Opeke a déclaré que l’entreprise de centre de données de MainOne, MDXi, a apporté une solution à ces problèmes en hébergeant l’Internet Exchange nigérian et en lançant un service d’interconnexion ouvert afin de faciliter la collaboration et l’appairage au sein de son centre de données Lekki. Mme Opeke a également partagé la stratégie de l’entreprise en ce qui concerne le renforcement de l’intégration régionale et la transformation numérique de l’Afrique de l’Ouest avec un accès sous-marin aux centres de données situés à Lagos et Accra afin de permettre l’interconnexion des principaux opérateurs ; l’ouverture prochaine d’un nouveau centre de données à Sagamu au Nigéria ; et le souhait de l’entreprise d’étendre son câble sous-marin à la Côte d’Ivoire.

Lors de la réunion d’experts qui a suivi, les experts du secteur ont souhaité savoir pourquoi le Nigéria – qui dispose du plus grand nombre d’investissements en câbles sous-marins dans la région – n’a pas réussi à tirer profit du « pétrole numérique » en prenant sa place légitime en tant que pôle Internet de l’Afrique de l’Ouest. Ils ont souligné l’importance de mettre en place des incitations réglementaires afin d’augmenter l’appairage privé et public des points d’échange locaux pour dynamiser le trafic Internet, ce qui garantira la création et l’amélioration des affaires sur tout le continent et stimulera la croissance économique.

À l’initiative de l’Internet Society, cette conférence de trois jours s’est principalement consacrée au développement d’opportunités en matière d’interconnexion Internet et d’échange du trafic. Elle a rassemblé les principaux fournisseurs d’infrastructures, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), les Internet Exchange Points (IXP), les producteurs et fournisseurs mondiaux de contenu, les opérateurs de centres de données, les décideurs politiques et les régulateurs, et d’autres acteurs cruciaux à travers l’Afrique afin de débattre des problèmes relatifs à l’échange du trafic Internet sur le continent.

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