RDC: Au Kongo Central, la moto tue plus que le Sida

Le transport par moto est devenu récurrent dans la province du Kongo Central au Sud-Ouest de la capitale Kinshasa, à telle enseigne que personne ne peut s’en passer. Dans les grandes villes et centres urbains de la RDC, le transport en commun par moto a le vent en poupe. Les chauffeurs de taxis et taxis bus se disputent les clients avec les ‘’wewistes’’ comme ils aiment qu’on les appelle.

Ce moyen de transport, le plus usité naguère en province orientale, a traversé les frontières internes du pays jusqu’à atteindre la capitale Kinshasa, et les provinces de l’Ouest comme récemment le Kwango, le Mai-ndombe et actuellement le Kongo Central. Les villes et centres urbains sont pris d’assaut par les motocyclistes, au point de gêner la circulation des véhicules commis au transport en commun. Appelés communément ‘’wewa’’ , terme d’origine luba, signifiant « toi » les conducteurs de motos-taxis étaient au départ tous  originaires de la province du Kasai, de locution lubaphone. Ces derniers avaient quitté leur province suite à la chute des cours du diamant et après que la Miba, entreprise publique qui possédait la plus importante concession minière d’extraction du diamant avait connu des problèmes qui l’ont conduite à la quasi faillite. Le trafic du diamant étant devenu aléatoire, il leur avait fallu trouver d’autres débouchés pour survivre.

Conduite par des personnes autorisées ou non à circuler sur les voies publiques, le motocycle devient une source de revenus et cause de malheur des milliers de familles au Kongo Central. Sur les  cent pour cent d’accidents de circulation routière enregistrés chaque jour,  80% sont causés par la moto, a-t-on appris d’une source policière.

Selon la division provinciale de la prévention routière, « une personne sur trois meurt par accident de moto chaque jour dans la  province du Kongo Central ». A en croire les responsables de quelques hôpitaux et centres de santé interrogés, les malades acheminés dans leurs institutions sanitaires de suite d’accidents sont l’œuvre de la moto. « La moto actuellement tue plus que le sida », regrette un médecin orthopédiste.

Les causes de ces accidents sont multiples : excès de vitesse, non maîtrise du code de la route, refus de port des casques, …

Ce nouveau moyen de transport en commun a pourtant fait l’objet d’une série de sensibilisation initiée en son temps par Maitre Bob Bavuidi, alors Ministre provincial des transports et voies de communication du Kongo Central. Du Bas-fleuve via la ville de Matadi pour le district des cataractes, les conducteurs des motos et autres engins à moteur ont bénéficié d’une formation sur le code de la route et ont été édifiés sur les biens fondés de porter le casque et de se munir de son permis de conduire. Les frais de course reviennent à 500 FC (moins de 30 centimes d’Euro) aussi par moto que par voiture, mais curieusement la population préfère le moyen le plus rapide pour arriver à destination qu’est la moto.

Bien qu’elle endeuille des centaines de familles, la moto reste et demeure le moyen de transport le plus emprunté par les populations habitant les grandes villes et centres urbains du Kongo Central.

Entre la vie et la mort, les gens préfèrent la mort…

 

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