Mauritanie : Un nouveau drapeau si mal aimé déjà

Par BAKALA KANE

Les députés mauritaniens viennent de donner le feu vert au nouveau drapeau national qui pourrait être hissé dès le prochain anniversaire de l’indépendance à Kaédi. L’addition des deux bandes rouges symbolisant le sang des martyrs ne fait pas l’unanimité au sein des mauritaniens et surtout de la classe politique.

Encore moins le choix de la capitale du Gorgol pour marquer ce changement. Pour tous les opposants à cette réforme constitutionnelle, Ould Aziz entend gommer une partie de l’histoire mauritanienne en omettant le sacrifice des soldats noirs du pays. Les observateurs s’attendent dans les jours à venir à d’autres polémiques qui vont alimenter le débat sur les symboles nationaux escamotés par le président mauritanien.

L’histoire retiendra que le référendum sur la réforme constitutionnelle a été rejeté par la majorité des mauritaniens dans leur diversité. Un deuxième coup d’Etat constitutionnel par le chef de l’Etat mauritanien à deux ans de la fin de son deuxième mandat et probablement une direction vers un troisième quinquennat. En adoptant un nouveau drapeau national cette semaine à l’assemblée nationale les députés traduisent dans les faits les véritables ambitions d’Ould Aziz de faire de la Mauritanie un pays arabe en gommant sa composante négro africaine et Haratine. L’inspiration de cette régression historique par l’addition de deux bandes rouges symbolisant le sang des martyrs des soldats Beydanes. Un escamotage historique qui relance le débat sur la cohabitation et l’existence même de la nation mauritanienne. En effet le nouveau drapeau qui devra être hissé pour la première fois à Kaédi lors du 57ème anniversaire de l’indépendance est une autre provocation à la grande muette négro mauritanienne ce jour-là considérée comme un deuil en hommage aux 28 soldats assassinés le 27 novembre 91 à Inal, par la soldatesque du régime d’Ould Taya et dont un est natif de cette ville. Au lieu de rassembler tous les mauritaniens, le nouveau drapeau creusera le fossé et ruminera certainement la haine. L’affirmation de l’origine prétendument exclusivement arabe du pays est un non sens. Tout comme l’hymne national devra vanter le chant patriotique et faire l’éloge de la diversité. Ces nouveaux symboles nationaux alimenteront des polémiques dans les mois à venir. Seul un débat national peut conduire à un consensus.

 

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