Psychanalyse de l’année politique 2020 en Côte d’Ivoire

UN DOSSIER DU PROFESSEUR FRANKLIN NYAMSI
Psychanalyse de l’année 2020 dans le discours politique ivoirien : une foire aux paradoxes
(Professeur agrégé de philosophie, Paris-France)

Rarement une année politique aura autant focalisé les esprits des citoyens et amis de la Côte d’Ivoire, après celle de l’indépendance politique nominale de ce pays, en 1960. L’année 2020 a pratiquement acquis le statut de mantra politique. Comme une prière citoyenne du soir et du matin. Une idée obsédant toutes les consciences, y compris quand elles n’y pensent pas sciemment. Tout se passe comme si la Côte d’Ivoire, soudain convertie à un messianisme collectif, attendait de cette année la révélation du secret total de son histoire. Quand une idée est ainsi investie par les esprits d’une communauté, elle focalise autant les espoirs que les peurs. Elle prend ainsi une allure typique des symboles apocalyptiques. Faut-il le rappeler, du grec « apo –calypso », l’apocalypse est la révélation de l’en-dessous. La manifestation du latent. Le dévoilement du voilé. Ce qui requiert une analyse des ressorts symboliques qui alimentent le thème focalisant la conscience collective.

L’année 2020 devient dès lors un thème psychanalytique. On ne la comprend qu’en explorant le psychisme de la gent ivoirienne. Car elle révèle autant qu’elle cache, relevant ainsi de ce que Car Gustav Jung a appelé l’Inconscient collectif, alors que Sigmund Freud l’appelle désir refoulé. Pour Jung en effet, certains objets de pensée déclenchent la fébrilité des humains parce qu’ils sont en relation avec les structures universelles de l’esprit humain, qu’il appelle les archétypes. Pour Freud, une telle focalisation des esprits s’explique plus simplement par le retour au-devant de la scène quotidienne, de scènes traumatiques enfouies dans le passé récent ou lointain du sujet individuel ou collectif. Là où Jung fait recours à la psychologie des profondeurs, Freud quant à lui privilégie la psychologie de l’histoire individuelle ou collective.

Armés de ces deux ailes de la théorie psychanalytique, comment pouvons-nous donc comprendre la focalisation ivoirienne actuelle autour de la date de 2020 ? Nous irons donc du récit de l’histoire à la psychanalyse de cette histoire. Dans les lignes qui suivent, nous mobiliserons ainsi deux démarches complémentaires : I) Historiquement et politiquement, nous partirons de la manifestation visible de l’année 2020. Nous montrerons que 2020 tient sa capacité de focalisation politique du contenu de la constitution de la 3ème république et des déclarations convergentes et concurrentes des deux principaux dirigeants de l’alliance houphouétiste, les présidents Ouattara et Bédié ; II) Psychanalytiquement, explorant donc l’invisible du thème 2020, nous allons nous intéresser aux soubassements du psychisme collectif ivoirien que l’année 2020 réveille, et mieux, au soubassements psychiques universels que cette date mobilise. Peut-être pourrons-nous en tirer quelques recommandations pour une avancée sereine de la Côte d’Ivoire vers son calendrier politique institutionnel et ses défis générationnels.

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