Cameroun : la Sodecoton veut produire et transformer la noix de cajou

La Société de développement du coton (Sodecoton), unité agro-industrielle qui encadre environ 250 000 agriculteurs, dans la partie septentrionale du Cameroun, pourrait devenir l’un des principaux piliers de la stratégie nationale de développement de la filière anacarde, en gestation dans le pays.

«La filière anacarde est une filière à laquelle la Sodecoton a pensé depuis longtemps, dans le cadre de la diversification des revenus des agriculteurs avec lesquels nous travaillons déjà sur des cultures telles que le maïs, l’arachide ou encore le sorgho. Mais, nous avons besoin d’une culture alternative pour laquelle nous pouvons également intervenir dans la chaîne de valeur en aval», explique Abdoulaye Abou Abba, directeur de la production agricole à la Sodecoton.  Et ce dernier de poursuivre : «Au départ, nous avons ciblé le soja, mais on s’est heurtés au fait que son huile n’a pas réussi à se positionner sur le marché, et la commercialisation du tourteau a été mise en difficulté par la grippe aviaire. Nous ciblons donc désormais l’anacarde». 

Pour ce faire, apprend-on, la Sodecoton a récemment envoyé quelques-uns de ses cadres en voyage d’études au Bénin et en Côte d’Ivoire, deux pays de l’Afrique de l’Ouest dans lesquels la production et la commercialisation de l’anacarde font déjà le bonheur de milliers d’agriculteurs. 

Fort des leçons apprises dans ces deux pays, ainsi que d’expertises variées sollicitées par l’entreprise cotonnière, le fleuron de l’agro-industrie dans les régions septentrionales du Cameroun n’exclut pas la possibilité de lancer ses premières plantations d’anacardiers dès 2018.  Il est question, révèle-t-on à la Sodecoton, de planter environ 50 000 hectares sur une période de 10 ans, principalement dans la région de l’Extrême-Nord ; ce qui équivaut au quart de la superficie globale actuellement dédiée à la culture de l’or blanc.

Il est également question, souligne le directeur de la production agricole à la Sodecoton, «d’attaquer la chaine de valeur avec un maximum de transformation», positionnement qui permettrait à l’agro-industriel camerounais d’aller bien au-delà de la Côte d’Ivoire et du Ghana, pays dans lesquels le niveau de transformation de la noix de cajou reste encore faible.  «Nous avons suffisamment avancé sur les partenaires susceptibles de nous appuyer. Nous nous arrimons à une dynamique, ce ne sont pas les financements qui vont manquer», affirme Abdoulaye Abou Abba, optimiste. 

En effet, soutient le directeur de la production agricole à la Sodecoton, la culture de l’anacarde et la situation dans laquelle se trouve actuellement la région de l’Extrême-Nord du Cameroun sont, elles-mêmes, attractives pour les investisseurs. 

Il y a d’abord, explique-t-il, le désir de nombreux bailleurs de fonds de participer à la reconstruction du tissu économique de cette région dévastée, depuis quelques années, par les exactions de Boko Haram. Ensuite, en plus d’améliorer les revenus des agriculteurs et de créer des emplois, l’anacardier contribue à la lutte contre la désertification, dans ce sens que cet arbre est utilisé dans les opérations de reboisement, activité prisée par de nombreux bailleurs de fonds. 

Enfin, la culture et la transformation de la noix de cajou offrent aux investisseurs l’opportunité de mettre en place un produit de rente parallèle au coton, dont dépend actuellement la majeure partie de l’économie des trois régions septentrionales du Cameroun.

 

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