Tsengué-Tsengué, le champion des champignons made in Brazzaville

Par ROSIE TSHANDA

La cinquantaine révolue, cet ingénieur congolais sorti de l’école centrale de Paris en France, nommé Tsengué Tsengué, a installé sa start-up « Bio-Tech Congo » en plein cœur du quartier Moungali, dans le 4ème arrondissement de Brazzaville. Cette entreprise  tire sa renommée de ces champignons, les pleurotes en l’occurrence, qui sont la spécialité de Tsengué Tsengué.

Des kits entiers permettant aux acquéreurs de produire à domicile leurs champignons en tout temps sont visibles dans l’enceinte de cette structure. Ces champignons désormais dénommés « Tsengué Tsengué » sont produits à partir des copeaux de bois qu’il récolte dans les menuiseries de la place. A ceci s’ajoute le son de blé et le maïs broyé, l’eau vient clore le procédé de production de ces champignons qui ont fait leurs preuves à Brazzaville et même à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Tsengué Tsengué explique le processus de fabrication de ces pleurotes : « Nous sommes ici dans le poste de mélange des produits. C’est ici que nous prenons les copeaux de bois qui ont été broyés, que nous mélangeons avec du maïs également broyé ; du son de blé et de l’eau essentiellement. C’est ici que nous procédons aux mélanges. Ce présent poste est celui de largage. C’est-à-dire que c’est ici qu’on va faire l’ensemencement : on va prendre ce qu’on appelle le blanc de champignon que nous allons introduire dans les sachets de substrats qui ont été préalablement pasteurisés »

Un kit vendu à 1500 CFA, soit environ 3 USD, peut produire plusieurs grammes de champignons dans les cinq jours qui suivent son acquisition et il peut produire des champignons frais, propres et sans grains de sable pendant trois mois ou plus.

Consommés généralement entre Octobre et Novembre, les champignons de Tsengue Tsengue peuvent l’être également toute l’année car produits tout le temps, une façon pour ce quinquagénaire de révolutionner les habitudes des congolais dans la consommation en toute saison des champignons frais. Une solution bien appréciée par les premières utilisatrices de ce produit qui ne sont autres  que les femmes congolaises. Astride Nganga  est une des consommatrices du champignon Tsengué-Tsengué : « Ils ont une saveur pareille à ceux du village. Tout le monde a aimé et apprécié à la maison, ce qui justifie le fait que je ne consomme plus que ces champignons dans ma maison », déclare-t-elle.

Champignons Tsengué Tsengué

Lauréat du 37ème Salon International des inventions et des Produits nouveaux de Genève avec une double médaille d’or et Lauréat du 1er Prix, Prix du Président de la République du Congo au Salon National des Inventions, 1ère édition (2006), Tsengué Tsengué n’en est pas à sa première invention. Il a commencé par fabriquer des bateaux de pêche à Brazzaville avec sa boîte Challenge Futura, une boite qui fermera des suites des démêlés fonciers avec un dignitaire congolais. Outre Challenge Futura, il  a eu à inventer un sécheur de poissons salés dans les années 1990.

Avec Bio-Tech Congo, cet ingénieur compte permettre à tous les congolais et les africains  de produire leurs champignons. « Ce que nous envisageons, est que dans un ou deux ans, chaque Congolais puisse produire les champignons qui, derrière sa maison ; qui dans son balcon ; qui sous sa véranda…. Le système de production que j’ai mis au point  permet de produire à grande échelle. C’est ce qui a ouvert de nouvelles perspectives. Nous avons déjà exporté quelque 500 kits au niveau de Kinshasa. Là, des pourparlers sont en cours pour créer la société Bio-Tech Congo de la RDC », déclare-t-il l’air plein d’espoir. Pour lui, il n’a rien inventé, il n’aura fait que copier la nature qui lui enseigne beaucoup de choses.

Malgré la douche froide reçue et l’indifférence du gouvernement à qui il a envoyé un SOS,  Tsengué-Tsengué ne baisse pas les bras. Il se dit toujours au service du Congo dont les défis sont majeurs en termes de développement. S’il n’est pas permis de parler « d’insécurité alimentaire » au Congo, le pays n’est cependant pas compté parmi les grands producteurs agricoles. Cette déception ne l’empêche pas de rester attaché à son pays et demeurer digne fils de sa nation.

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